LES PIERRES DE SAINT - MATHIEU

   The Godefroy de Viterbe's description of the abbey  " everywhere peace, everywhere serenity and a marvellous freedom from the tumult of the world"  still holds true today.

     Malgré les destructions successives, l'examen des ruines de l'abbaye fournit des indications sur la nature et l'origine des pierres utilisées au cours des différentes périodes de construction et permet d'éclairer son histoire.

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Plusieurs étapes de construction peuvent être mises en évidence.

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Le XI° et le XII° siècles:

     La façade plate occidentale, amortie en pignon ; la partie est du mur du collatéral nord ; une partie du mur au sud du chœur... (appareil en arête de poisson et arcs en plein cintre)

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La fin du XII° siècle (ou le début du XIII° siècle)

     Les arcades en tiers-point de la nef reposant sur des piles rondes ou octogonales ; le renforcement de la partie inférieure de la façade ouest avec édification d'un portail à triple voussure.

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Le début du XIV°siècle.

Le collatéral sud

Aux XIV°-XV° siècle:

Le chœur et le grand chevet gothique, les chapelles méridionales.


     La porte d'entrée de l'abbaye date de la seconde partie du XVII° siècle, lors du renouveau dû à la congrégation de Saint-Maur.

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     Une quinzaine de roches de nature différente ont été inventoriées dans l'église abbatiale et ses dépendances immédiates.

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Pierres de proximité
Le matériau le plus abondant est le "gneiss de Brest", qui constitue le socle même de l'abbaye et les falaises qu'elle domine.

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     De teinte grise à brunâtre, cette roche feuilletée s'avère totalement inapte au façonnement des pierres de taille ; aussi est-elle, généralement, employée en moellons de qualité très secondaire. En fait, son principal intérêt reposait sur son extrême abondance à proximité immédiate du chantier. Ainsi s'explique son rôle essentiel dans les premières étapes de la construction et encore ultérieurement.

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     Ce matériau a été retrouvé : dans la façade occidentale, de part et d'autre de la porte d'entrée ; dans l'élévation nord de la nef ; dans l'élévation sud du transept méridional (en arête de poisson) ; dans l'élévation sud de la nef et dans les contreforts méridionaux ; localement dans le chœur ; dans la tour carrée ; dans le mur jouxtant la porte de l'abbaye...

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     Ce matériau a été recherché dès le premier bâti roman jusqu'aux constructions classiques de la seconde partie du XVIIe siècle. L'extrême abondance de cette pierre de second choix dans les premières périodes d'édification suggère que les moyens financiers restaient alors relativement limités...


Pierres extraites à quelques kilomètres.

* - Granite (granodiorite) de la pointe des Renards au Conquet.
Cette roche se distingue immédiatement des gneiss de Brest par l'absence de foliation et la présence fréquente de nodules de quartz et d'enclaves foncées de faible dimension. Elle présente un grain assez fin et une tonalité plutôt sombre. A l'inverse du gneiss de Brest, elle offre une bonne aptitude du façonnement.
En fait, c'était la pierre de taille dont les gisements étaient les plus proches de l'abbaye. Le principal affleurement de cette roche, voisin du monastère, est situé à la pointe des Renards, un peu au sud du Conquet, La distance est seulement de l'ordre de 2,5 kilomètres à vol d'oiseau.

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     Le granite des Renards a été très utilisé : porte romane de la façade occidentale ; piliers de la nef (à l’exception des quatre piliers occidentaux), les piliers du transept et du chœur les deux baies du bas-côté sud du chœur ; la tourelle élevée à la jonction du chœur et du transept (côté sud de l'église) ; les contreforts du collatéral méridional ; une porte cintrée vers l'extrémité ouest de ce même collatéral ; les contreforts externes de la façade occidentale.

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     La complexité des piliers, avec colonnettes engagées, du transept et du chœur mettent bien en valeur l'aptitude de ce granite au façonnement.
Par sa large utilisation à diverses époques, ce granite assez sombre confère à l'abbaye une certaine homogénéité en dépit des différences de style.

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         * - Micaschistes du Conquet.

     Ces roches, susceptibles de fournir des moellons plats allongés et de larges dalles, affleurent en bordure de l’aber du Conquet. Les micaschistes du Conquet ont été utilisés pour le dallage de l'église

 

* - Granite ( trondhjémite) de Trégana.

     Cette roche claire, à tonalité blanchâtre, le plus souvent à grain moyen, caractérisée par l'abondance de ses feldspaths, est reconnaissable au premier coup d'œil. Elle affleure largement sur l'estran du Trez-Hir et  surtout dans les falaises de Trégana où les vestiges des anciennes extractions sont fort nombreux. Son exploitation est très ancienne puisqu'elle a été utilisée pour la confection de stèles de l'Age du Fer et de calvaires au Moyen Age.

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     A Saint-Mathieu, l'utilisation du granite de Trégana est nettement plus tardive que celle du granite des Renards et plus restreinte. Cette belle roche à teinte claire a été notée en particulier dans l'élévation sud du collatéral de la nef. Elle a été largement utilisée en pierre de taille dans la grande porte de la seconde partie du XVIIe siècle à l'entrée du monastère. Par contre, le granité de Trégana reste extrêmement rare à l'intérieur de l'église : un élément a été observé dans un pilier de la nef. La même roche, fort bien travaillée, participe à l'encadrement de la porte (au niveau du premier étage) donnant accès à l'escalier établi dans l'angle nord/est de la tour carrée.

 

Pierres d'origine plus lointaine.
 

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     Quelques autres roches, en provenance du Finistère, ont été également employées dans l'abbaye, mais le plus souvent avec parcimonie. La plus connue est Le kersanton. Cette roche célèbre dont l'exploitation remonte au moins au XVe siècle reste sporadique et tardive dans l'abbaye : dans l'enfeu septentrional de l'abside, un bel ensemble en cinq éléments en faciès à grain fin, fort bien travaillé.

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            * - Leucogranite (du Sud-Finistère ?).

     La superbe pièce monolithe qui forme le blason des Du Chastel - actuellement posée au pied de la tour - est façonnée dans un leucogranite qui évoque les roches répandues dans le Sud Finistère, mais leur provenance exacte ne peut être assurée...

 

* - Granite rose de l'Aber-Ildut.

     Cette roche de façonnement difficile - exploitée depuis des millénaires (menhirs, stèles de l'Age du Fer...) n'a pas été utilisée dans la construction de l'église abbatiale proprement dite. Par contre, cette pierre de qualité a été largement recherchée pour la construction du grand phare de Saint-Mathieu qui surgit près de l'abside, pour le petit phare érigé à l'emplacement du cloître, et pour le sémaphore, près de la façade occidentale...

Pierres d' origine très lointaine.

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     L'une des principales originalités de l'église abbatiale de Saint-Mathieu réside dans l'emploi d'un calcaire à grain fin, ocre jaune, pour les quatre piliers circulaires occidentaux de la nef. Le calcaire a été également utilisé, mais d'une manière beaucoup plus sporadique dans quelques autres parties de l'édifice, en particulier pour le cintre d'une ouverture dans le mur nord du collatéral de la nef. Soumise directement à l'air marin, la pierre présente aujourd'hui une corrosion irrégulière très prononcée.

 

      La présence d'une telle roche dont il n'existe aucun gisement en Bretagne n'est pas sans soulever des problèmes. Or la nef de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon a largement fait appel au calcaire de Normandie (pierre de Caen), ( fin du XIIIe siècle - début du XIVe siècle). Aussi on peut penser que la pierre calcaire employée à Saint-Mathieu provenait de Normandie. En fait, rien n'est moins sûr, la provenance charentaise (par mer) est probable : En effet, "l'éclairage indirect par les bas-côtés d'une nef aveugle est un caractère propre à l'école poitevine.

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