La vie religieuse à Saint Mathieu
 

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     Dès le début du IX° siècle, le cartulaire de Redon et l'obituaire de Landévennec fournissent les éléments d'une première liste d'abbés desservant à Saint Mathieu, le premier de la liste étant Simon.
     Aux environs de 1170, nous trouvons l'abbé Daniel à la tête de l'abbaye, puis l'abbé Perennès vers 1257. Sous Jean V, nous trouvons Jean Rouvel qui fut aussi conseiller du duc de Bretagne.

      In medieval times the pilgrims would sensibly stop off here for shelter and refreshments, while the monks from the abbey would wash their sore dusty feet.
     
Durant tout le moyen âge, l'aura des moines rayonne sur toute la région, mais à partir du XV° siècle la vie religieuse et les moeurs se relâchent. Il faut se rappeler que le régime de la "commende" se généralise, tant dans les abbayes que dans les évéchés. L'exemple caricatural de l'abbé "commendataire" se retrouve à Saint Mathieu en la personne de Hamon Barbier, fils du seigneur de Kerjean, qui cumule plus de cinquante "bénéfices". Le summum fut atteint, en 1583, quand Catherine de Médicis fit nommer l'astrologue florentin Cosme Ruggieri après l'avoir fait sortir des Galères où il était condamné pour avoir participé à un complot. Mais les moines destituèrent ce dernier en 1615.
 

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     Le désordre et la décadence avaient donc touché de plein fouet le monastère de Saint Tanguy ; il n'y avait plus d'offices religieux ni d'aumônes et les bâtiments se délabraient malgré les revenus destinés à les entretenir.

 

     En 1638, il ne reste plus que deux moines à l'abbaye qui renaîtra grâce à la réforme initiée par Saint Benoît et menée, en ces lieux, par l'abbé Louis de Fumée en 1655. De nouveau la ferveur populaire monte, encouragée par l'exemple des moines et de leurs abbés (dont l'abbé Grégoire Prud'homme), et la foule se presse aux pélerinages où l'on vénère de nouveau le "chef" de Saint Mathieu. Cette renaissance sera de courte durée : les moines quitteront les lieux pendant la révolution et quand, le 22 mai 1790, les délégués de la commune de Plougonvelin pénétreront dans le monastère, ils ne trouveront que quatre religieux et un vieux cuisinier presque aveugle.

L'abbé de Saint Mathieu.

     L'abbaye de Saint Mathieu jouissait d'un tel prestige qu'au XV° siècle le pape Jules III en est saisi et que l'abbé du lieu se considérait en droit de porter mitre et crosse.

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     Au plan spirituel, l'abbaye ne relèvera que du pape et règnera sur 10 prieurés ( dont Lampaul, Saint Renan, Lokrist, Molène...) et sur 6 vicariats.
De plus l'abbé préside aux nominations dans les paroisses voisines ( Plouzané, Guilers, les sept saints...)

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     Au plan temporel, durant tout le moyen âge, l'abbaye ne relèvera que du Duc de Bretagne qui appellera l'abbé de Saint Mathieu son "Bien aimé et féal conseiller en toute chose publique".
     L'abbé est membre du parlement de Bretagne et se voit régulièrement confier des missions régaliennes, comme de visiter et de garnir les forteresses de Basse Bretagne.
     Comme un seigneur, il règne sur un domaine immense. Il a droit de haute, moyenne et basse justice et droit de prison et de fourches patibulaires (A 300 mètres de l'abbaye deux stèles surmontées de croix ont gardé le nom de "gibet des moines").

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     L'abbé a encore beaucoup de privilèges : Droit de cohue, droit de "four à ban", droit de gerbe à la douzième, droit de mouture, droit de marché, droit de foire (Henri IV instituera, en 1602 cinq foires annuelles et un marché par semaine), droit de mesure du blé, droit de mesure du vin, ...
     En 1157 Hervé de léon lui accorde le droit de bris et d'épave sur les rivages de tous ses fiefs ( En 1390 il est précisé qu'il peut se saisir du 1/10° de la coque, de la cargaison et du gréement du navire échoué), et elles étaient nombreuses les "richesses de l'univers" poussées vers la côte par les "vents d'argent".
     A ce droit de bris se joignait le droit de dépouilles qui avait été confirmé, en 1602, par des lettres patentes du roi. Il accordait ce droit aux religieux pour "tous ceux qui périssent en mer, et aux côtes de Saint Mathieu, Plougonvelin et le Conquet".

 

D'après les chroniqueurs de l'époque, c'était une "multitude de navires qui venaient jeter l'ancre au pied du monastère, ne pouvant continuer leur route à moins que le vent ne changeât. Aucune côte n'est plus fréquentée, c'est la route nécessaire vers toutes les mers, plus rapprochée que toute autre du grand océan, des Espagnes, de la Grande Bretagne".

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