La Vie de saint Ronan

D’après : Vies des saints de la Bretagne Armorique par Albert le Grand (1636)


Anachorète, Confesseur, le premier jour de Juin.

Saint Ronan était irlandais de nation, de parents de médiocre fortune et idolâtres, lesquels, soigneux de son éducation, l'envoyèrent aux écoles, où il profita si bien, qu'il devint, en peu de temps érudit en sciences profanes ; mais Dieu lui fit naître dans l'âme un ardent désir de chercher la vraie Religion. À cette fin, il passa en l'Isle de la Grande Bretagne, se fit Catéchiser et Baptiser et ayant reçu les Ordres Mineurs, de Sous-diacre et Diacre, il mérita, par sa vertu, de parvenir au Sacerdoce.

Puis il résolut de s’expatrier pour le Christ, monta sur mer et, après un court séjour sur l’île de Molène, il aborda heureusement sur la côte du Léon, où, ayant trouvé un lieu inhabité près de Saint Renan, il s'y arrêta bâtit un petit Hermitage, résolut d'y passer ses jours en Pénitence, Jeunes et Oraisons. Mais quelques pauvres malades étant venus à son Hermitage chercher l'aumône, le Saint ne leur donna ni or ni argent, mais bien ce qu'il avait et qu'il pouvait donner, à savoir la santé. Ces pauvres gens le remercièrent, et annoncèrent partout que saint Ronan les avait guéris par sa prière ; cela fit que, de tout le Léon, on accourait vers lui. Mais ces visites troublant le repos de sa solitude, il se résolut de quitter ce lieu et de chercher séjour ailleurs.

Il traversa le Léon, et ayant passé le Golfe de Brest, entra en Cornouaille, jusque dans la forêt de Nevet (Locronan) à trois lieues de Quimper, où, s'étant arrêté, il jugea le lieu propre à son dessein et commença à y bâtir une petite Cellule

 Saint Ronan, , se retira dans la forêt de Nevet, vaquant à ses prières, jeunes et pénitence. Dieu le manifesta, par le moyen de grands miracles qu'il faisait, guérissant les malades qui, de toutes parts, le venaient trouver. Quelques Chrétiens, ne pouvant supporter l'éclat des vertus de saint Ronan, l'accusèrent tort devant le Roy Gradlon le calomniant d'être Sorcier et Lycanthrope. L'Enfant d'une femme du voisinage étant mort, ils persuadèrent  la mère du défunt de déclarer que le Saint, par ses sorcelleries, avait tué son fils et l'amenèrent à Quimper, où, en présence du Roy, elle demanda justice de saint Ronan.

 Le saint ermite, cité à comparaître devant le Roy à Quimper, s'y rendit, en compagnie des Sergents et autres Ministres de Justice qui étaient venus le chercher. Etant arrivé à Quimper, il fut mis en prison et, le lendemain, mené au Palais, il réfuta toutes les accusation, rendant raison de sa vie et de toutes ses actions et pour confirmation de son innocence, il fit apporter le corps mort de l'enfant, et, en présence du Roy, de son Conseil et de toute sa Cour fit sa prière ; laquelle finie, prenant la main de l'enfant, il lui commanda, au nom de Jésus-Christ, de se lever ; le mort obéissant se leva sur pieds et fut rendu à sa mère, laquelle se jeta aux pieds du Saint, lui demanda pardon de sa calomnie; l'enfant aussi le déchargea entièrement.

 Le Roy Gradlon, ayant vu ce miracle fait en sa presence, honora fort saint Ronan qui s'en retourna en son Hermitage. Un jour, lisant un livre, à la porte de sa Cellule, il aperçut un loup qui entrait dans la forêt, portant une brebis en sa gueule ; saint Ronan l'appelle et lui commanda de rendre la brebis, ce qu'il fit à l'instant, la mettant en ses pieds, et le Saint la rendit à son maître.

Ayant vécu longtemps en grande Sainteté, il fut enseveli en son Hermitage. Depuis,  s'est bâti le Bourg, qui s'appelle Loc-Ronan-Coat-Nevet,

 De sept ans en sept ans, se fait la Procession qu'ils appellent Troménie, le jour de sa fête, en laquelle on porte ses reliques sur un brancard,  richement paré, tout à l'entour de sa montagne ; à cette Procession se trouve, d'ordinaire, une grande affluence de peuple de tout le pays voisin.

Il y a plusieurs Chapelles en Bretagne dédiées à ce saint, entre autres de Loc-Ronan-ar-fancq en Léon, où il y a une Barre Royale & dont la Paroisse est dédiée à saint Ronan, qu'ils nomment Renan.

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Saint Ronan est connu de toute la Bretagne à cause de sa troménie. Ce mot viendrait de "tro-minihy"  et signifie tour du territoire qui appartient au monastère. A Locronan, il se fait deux troménies :

a) La grande troménie, longue de 12 km et jalonnée de 12 stations marquées d'une croix ; elle a lieu tous les six ans. Elle consacre le territoire accordé au prieuré. Elle attire depuis des temps immémoriaux des milliers de pèlerins.

b) La petite troménie, annuelle, longue de 5 km et jalonnée de trois stations ; elle ne remonte qu'au milieu du 19e siècle. Comme la grande, elle a lieu le 2e dimanche de juillet.

Dans le diocèse, trois églises paroissiales ont saint Ronan pour patron : les églises de Molène et de Locronan, et l'ancienne église de Saint-Renan. Dans l'actuelle paroisse de Briec, sa chapelle, aujourd'hui disparue, était appelée le Pénity-Ronan. Celle de Plozévet possède un sarcophage que la tradition dit être celui de saint Ronan.

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