Vicomté de Coat Méal

 

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La vicomté consistait en une bande de terre coupant en deux la châtellenie de St-Renan.
Elle allait de l'Aber-Benoit à la mer, devant Portsall, comprenant les paroisses de Coat-Méal, Plouguin, Landunvez, Gwitalmézeau, Plourin, Trefglonou, Porspoder et Ploë-Avaz (Guipavas}

 The viscountcy of Coat Meal was a  country connecting Guipavas with the sea (Landunvez)

      De Coat-Méal dépendait le plus beau fief du comté de Léon, le Castel-Trémazan (1).

     Nous lisons, en effet, dans une déclaration de la vicomté de Coat-Méal en date de 1682: «à laditte Vicomté appartient le plus proche fief sur la maison et châsteau de Trémazan, situé en la paroisse de Landunvez, au fief de Kersent... »

     La même affirmation se lit dans un aveu de 1696: «à la vicomte de Coat-Méal appartient le proche fief sur le Chastel situé au tref de Kersent en la paroisse de Landunvez... » (Archives de la Loire-Inférieure, vol. XI, n"1' 15 et 16).

     A Coat-Méal même, centre de la vicomte, en direction du Bourg-Blanc, se trouve, la fameuse Motte du Castel-Uhel. Du haut de ce castel, l'œil embrassait presque toute l'étendue de la vicomté.

     « Cette motte féodale, écrit M. de la Borderie, était défendue par un étang (2) et par un profond fossé circulaire. Elle était, jadis, surmontée d'une tour. C'était le chef-lieu de la vicomté de Coat-Méal».

     On peut ajouter que, fort probablement, c'est l'importance du Castel-Trémazan et du Castel-Uhel qui déterminèrent la branche cadette à créer la châtellenie de Coat-Méal et à s'en contenter. N'étaient ces castels, en effet, cette petite bande de terre, si riche soit-elÏe, serait de bien maigre valeur comparativement aux domaines des autres branches (3).

     La vicomté de cette branche cadette prospéra jusqu'à Hervé IV, marié à Catherine de Laval, dernier comte de Léon, surnommé « Le Prodigue ». A la suite d'un procès, il dut aliéner plusieurs domaines de sa châtellenie (citons le château de Brest qu'il céda au duc Jean 1 en 1239). Criblé de dettes, il mourut en 1280.

     En 1363, la dernière héritière de Léon versa son gros héritage dans la richissime maison de Rohan par son mariage avec Jean, vicomte de Rohan, seigneur de Châteauneuf-en-Timeraie, au Perche, de Noyon-sur-Andell, en Normandie, de Landerneau, de Daoulas, de Coat-Méal, de la Joyeuse-Garde, de la Roche-Maurice, etc..., etc... (4).

     A la suite d'un procès, le duc de Rohan, tout en restant vicomte de Coat-Méal, vendit plusieurs terres, dont Kersimoun et Coat-Méal, à Ollivier II du Chastel, le 22 juin 1437.

     Et, le 21 août de la même année, Ollivier du Chastel fut confirmé par le duc Arthur III dans le droit « de faire délivrer sa menée, à St-Renan, le premier, après le vicomte de Coat-Méal, ainsi qu'il est accoustumé. » (5).

     De ce fait, Du Chastel devenait le 2° ménéant de Brest et de St-Renan, non pas comme baron du Chastel, mais comme seigneur de Coat-Méal. 

 

(1) En 525, un nommé Galonus était seigneur de Trémazan (un romain qui aurait pris racine ?).
     Ce castel en Kersaint, trêve de Landunvez, dominait l'océan en face e Portsall. Là se dresse encore aujourd'hui l'énorme et antique donjon du XII° siècle qui, malgré ses brèches, garde dans sa détresse, une fière allure.

(2) D'étang, il ne reste aucune trace. On ne voit guère de place à une nappe d'eau, ni. de possibilité d'en créer une, à moins de travaux énormes qui bouleverseraient complètement la constitution actuelle de la localité.
     En revanche, l'eau des fontaines de Kersimoun et de Penn-ar-Vern a probablement été dérivée pour remplir les douves actuelles et garantir un isolement plus complet, une sécurité plus assurée.

(3) Les vicomtes venaient de temps à autre se mettre au frais au Castel-Uhel, s'y reposer de la vie fatigante de Landerneau. Ils trouvaient là leurs rentes, des procès innombrables et leur sénéchal.... quand ce dernier ne s'oubliait pas à l'auberge de Toul-al-Logoden, près de la Motte-Tangui (Brest).  

(4) De gueules à 9 macles d'or 3, 3, 3 (sceau de 1222). Alias à la bande d'argent brochant (sceau de 1298) alias, un lion a la bordure nébulée (sceau de 1204 à 1216). Devise : à plus ou Plaisance : Alias, roi ne puis, prince ne daigne, Rohan suis.
      De 1426 à 1448, la maison souveraine de Rohan est surtout fixée dans ses domaines, en Porhoët ; ce qui n'empêche pas en 1510 Jean de Rohan d'édifier sur le pont de Landerneau un imposant moulin féodal, moulin fameux qui, selon le proverbe breton; n’était ni en Cornouaille ni dans le Léon. En 1826 le chevalier de Fréminville voulut en déchiffrer l'inscription, il l’estropia pitoyablement.

Mieux s'y prit le barde Léonard qui relatait la chose dans ce quatrain malicieux: 

Ervez lavar ar zôn
E kreis Pont Landerne
Eman da fri e Léon
A da reur e Kerne.

Comme dit la chanson ;
«Au milieu du pont de Landerneau,
tu as le nez dans le Léon
et le derrière en Cornouaille»

II y a quelques années, on  voyait le moulin a peu près intact. Le pont n'a guère changé

(5) La riche maison du Chastel prit rang parmi les barons de Bretagne.
     Dès les XVI° et XVII° siècles, elle était partagée en trois membres appelés: le Chastel à Brest, le Chastel à Cléder, et le Chastel à Lannilis. La baronnie prétendait à plus de 20 paroisses. Le chastel à Brest était de beaucoup le plus important. Il comprenait la Motte Tangui (à Brest), le Castel Trémazan, Plouarzel, Ploumoguer, le château de Coat-Gars, Lampaul, lanildut, Castel-Huel, Coat-Méal jusqu’au pont Mauny ( moulin du Garo ?), la seigneurie de Lesneven, et toutes les terres qui dépendaient de châtaux, soit environ 11 paroisses.

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